L’éducation nationale en tension : les dossiers s’accumulent
- snudifo60
- 4 nov.
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Les dernières semaines ont été marquées par une série d’annonces et de rencontres entre la FNEC FP-FO et le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray. Les échanges, parfois tendus, dessinent une situation préoccupante pour les personnels de l’Éducation nationale, alors que le budget 2026 s’annonce austéritaire et que les réformes s’empilent sans résoudre les difficultés du terrain.
AESH : la victoire de la rétroactivité de la prime REP
C’est une victoire syndicale majeure : le ministère confirme la rédaction d’un décret de mise en conformité avec la décision du Conseil d’État reconnaissant le droit des AESH à percevoir la prime REP/REP+ rétroactivement depuis 2015.Une avancée obtenue grâce à la persévérance des personnels et aux démarches contentieuses soutenues par la FNEC FP-FO.
Le syndicat reste toutefois vigilant sur le contenu du décret, réclamant que la prime soit alignée sur celle des autres personnels et rappelant ses revendications de fond :
un statut de fonctionnaire et un salaire à temps plein pour 24 h d’accompagnement,
le recrutement massif d’AESH à hauteur des besoins,
l’abandon des PIAL et des PAS,
et le paiement immédiat des primes dues depuis 2015
Un ministre qui promet le dialogue… sans rompre avec l’austérité
Lors de l’audience bilatérale du 28 octobre, Édouard Geffray a voulu se montrer ouvert au dialogue, tout en affirmant qu’il ne serait pas « le ministre du 49.3 permanent ». Il évoque une « stabilité » nécessaire au système éducatif et dit vouloir travailler sur trois priorités :la formation initiale des enseignants, la réduction des inégalités scolaires, et la santé psychique des élèves.
Mais face à la FNEC FP-FO, le constat est amer :
4 000 suppressions de postes prévues au budget 2026,
revalorisation salariale au point mort,
crise du recrutement,
et situation dramatique à Mayotte où des enseignants ne sont toujours pas payés depuis des mois.
Sur le dossier de l’école inclusive, la fédération a alerté sur le désarroi des personnels et la dérive vers des dispositifs (PAS, PIAL) déconnectés des besoins réels des élèves et des moyens humains. Le ministre assure ne pas vouloir fermer les établissements médico-sociaux, tout en esquissant une réflexion sur les « flux » entre IME et milieu ordinaire.
Formation des enseignants : une catastrophe annoncée
Pendant ce temps, la réforme de la formation des enseignants, imposée au printemps 2025, continue de semer le chaos dans les universités et les INSPÉ. La création de concours dès la licence (en parallèle des concours de master 2) entraîne désorganisation, inégalités territoriales et suppressions de sites. Certaines antennes INSPÉ, comme à Vannes ou Quimper, sont menacées de disparition, parfois au profit de structures privées.
Pour la FNEC FP-FO, cette réforme n’est rien d’autre qu’une machine à fabriquer des contractuels, en poussant vers la sortie les étudiants qui échouent aux nouveaux concours. Le syndicat exige un moratoire immédiat, la préservation de tous les sites et des moyens budgétaires suffisants pour garantir la continuité des parcours.
PLFSS 2026 : les retraités une fois de plus mis à contribution
Sur le plan social, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 s’attaque directement aux retraités :hausse de la taxe sur les mutuelles, gel des pensions et revalorisation dérisoire de 0,4 % pour 2027, bien en dessous de l’inflation prévue.
Pour l’Union confédérale des retraités FO, ces mesures visent clairement à faire payer aux retraités le “décalage” de la réforme des retraites, que le gouvernement refuse toujours d’abroger. L’organisation appelle les parlementaires à rejeter ces dispositions et à revaloriser toutes les pensions au moins à hauteur de l’inflation.
L’intersyndicale éducation en quête d’unité réelle
Enfin, sur le front syndical, les échanges récents entre les principales organisations (FO, FSU, CGT, SUD, UNSA, CFDT, SNALC) illustrent la difficulté à maintenir une intersyndicale cohérente. Si tous s’accordent pour dénoncer le budget 2026 et ses 4 000 suppressions de postes, la question des retraites divise encore.
La FNEC FP-FO plaide pour une action commune sur des revendications claires :abrogation de la réforme Macron-Borne, refus de toute retraite par points, et rejet du budget Lecornu-Macron, qu’elle qualifie de « budget de guerre ».D’autres organisations préfèrent concentrer la communication sur le seul budget de l’Éducation nationale, au risque de diluer le message d’ensemble.
GT académique sur le remplacement : derrière ARIA+, une réorganisation forcée
Le rectorat a présenté aux organisations syndicales le futur logiciel ARIA+, censé moderniser la gestion du remplacement dans le premier degré.
Officiellement, il s’agit d’un outil pour « optimiser » les moyens et faciliter les affectations. Dans les faits, cette évolution s’accompagne de la disparition programmée des ZIL, des brigades spécialisées et des modulateurs, remplacés par une unique « zone de remplacement départementale ».
Un groupe de travail technique devrait suivre, mais pour les organisations syndicales, l’enjeu dépasse la question d’un simple logiciel : il s’agit de préserver la stabilité et la cohérence du service public d’enseignement.
Le SNUDI-FO reste vigilant et surveille de près la mise en place d’ARIA+, afin d’informer les collègues et préparer la mobilisation si nécessaire.
En résumé
Entre réformes bâclées, austérité budgétaire, tensions sociales et mobilisations syndicales, l’Éducation nationale vit un moment charnière. Les annonces du ministre ne suffisent pas à apaiser un malaise profond : celui d’un service public fragilisé, de personnels à bout, et d’une jeunesse qui paie le prix fort d’une politique de coupes budgétaires.
La FNEC FP-FO appelle les personnels à se réunir localement pour décider collectivement des suites à donner, dans la perspective d’un mouvement unitaire sur les revendications essentielles :salaires, statuts, postes et retraite.







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